L'enseignement et les pronoms de genres neutres
- nevadab
- Apr 13, 2021
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Je pense que comme une société, et bien sûr moi inclue, on tient parfois notre confort pour acquis. Comme une femme blanche et cisgenre, j’ai beaucoup de privilèges dans le monde, quelques-uns dont je suis consciente, mais encore plus qui sont peut-être invisibles à moi. Un de ces privilèges dont je n’ai jamais pensé avant l’enseignement, c’est mon identité de genre. Mon identité de genre ni sexuelle ne m’a jamais posé problème dans ma vie. Je suis très à l’aise étant une femme, ainsi en étant connue et vue comme une femme en public. Par contre, ce n’est certainement pas la même situation pour tout le monde, et même si la société essaye de faire l’effort à intégrer nos différences d’identité; qu’elles soient raciales, culturelles, sexuelles, ou de genre, on voit que quant à la langue française, on manque de l’accessibilité à la langue qui permette aux gens non binaires d’être identifiés sans leur attribuer un genre. Premièrement, on va explorer ce que ça veut dire être cisgenre et non binaire. Ensuite, on va faire un survol sur les termes grammaticaux utilisés pour les personnes ni féminins ni masculins. Finalement, on va analyser pourquoi ces termes ne sont pas nécessairement une solution totale au problème du genre neutre en français.
Pour mieux comprendre les implications de la langue en lien le genre, on doit définir c’est quoi l’identité du genre et comment ça pourrait être différent selon la personne. Comme la plupart des gens, je me décrierai comme cisgenre. Cela pour dire que je suis née dans le corps d’une femme et je m’identifie comme une femme au niveau émotionnel et psychologique aussi. Autrement dit, le genre de mon corps biologique et comment je me sens à l’intérieur sont le même genre. Une personne cisgenre peut s’identifier avec soit le masculin ou le féminin pour toute leur vie et se sentir à l’aise. D’ailleurs, ce n’est pas le cas pour tout le monde. Le terme non binaire pourrait signifier plusieurs choses, comme étant androgyne; une personne qui présente des caractéristiques féminines et masculines en même temps. Ces personnes ne se présentent pas tout à fait comme un homme ni comme une femme. Il y a aussi les personnes bispirituel.le, qui est un terme utilisé souvent dans des communautés autochtones pour signifier que la personne tient des aspects des deux genres; similaires à une personne androgyne. Un autre exemple de quelqu’un non binaire c’est quelqu’un qui s’identifie comme intersexué.e; une personne avec un corps biologique qui ne peut pas être défini comme seulement féminin ou masculin. Finalement, certaines personnes s’identifient comme queer, un sentiment interne non binaire, par exemple une personne queer pourrait se sentir comme aucun des genres n’est qui il/elle est comme personne. On appelle cela aussi le genre neutre. C’est important de se rappeler que le genre est un spectre. Une personne ne doit pas rester seulement féminine ou masculine pour toute leur vie, ou même pour toute la journée. Une personne non binaire peut se présenter et/ou s’identifier comme une femme, un homme, les deux, aucun ou n’importe quel mélange qu’ils se sentent à l’intérieur en ce moment. (Identités de genres, 2021)
Maintenant qu’on connait ce qu’est le terme non binaire, on peut explorer comment la langue française essaye de l’intégrer dans la grammaire. Comme on le sait, les pronoms du genre en français sont il et elle, avec le pluriel étant ils et elles. Cela pose un problème à des personnes qui ont le genre neutre, car ils/elles ne s’identifient pas comme un il ou un elle, tu vois? En anglais, il existe un pronom neutre qui est souvent utilisé pour une personne non binaire ou quelqu’un dont on ne connait pas leur genre : they. Par ailleurs, il n’y a pas d’équivalent en français, alors on a dû évoluer la langue pour l’incorporer. Selon le blogue Genre! (2017), il y a plusieurs options de pronoms neutres en français. Le pronom le plus au courant est iel, aussi écrit comme yel, et c’est un pronom qu’on pourrait utiliser pour une personne non binaire ou bien quelqu’un qu’on ne connait pas assez d’attribuer un genre. Prochainement, on a ul, ol et ael; ces pronoms sont utilisés parce qu’ ils suivent le format que le français aime bien : une voyelle + l. De plus, ces pronoms sont un peu plus androgynes et ils ressemblent moins aux pronoms personnels qu’on a déjà. Dernièrement, on a les pairs im/em et ille/el. Ces pronoms ont l’avantage d’être proche à il/elle à l’oreille, en étant toujours différents et moins sexospécifique. Il y a aussi d’autres petits mots ou stratégies pour remplacer la grammaire féminine et masculine. Le blogue nous rappelle qu’ils n’y ont pas de règles quand ça vient à choisir nos pronoms et nos préférences quant à l’utilisation des adjectifs ou noms qui s’accordent avec le genre, comme ami.e. Si on se sent comme im est trop masculin, on choisi un autre! C’est la décision de l’individu à choisir ce qu’iel veut qu’on lea appelle.
Même si la langue évolue pour inclure des genres neutres en français, on trouve toujours plusieurs défis dans le fonctionnement. Par exemple, les pronoms qu’on a vus sont presque tous similaires à il ou elle, ou c’est un mélange des deux, comme iel. Ceci peut causer de la misère pour quelqu’un qui ne s’identifie pas à un genre du tout. On voit que dans le groupe des pronoms qu’on a exploré à ce jour, il n’existe pas une option qui sonne ou qui s’écrit d’une façon complètement neutre. D’à partir de mon point de vue, le défi de ne pas sentir à l’aise dans une langue entière, au-dessus des défis auxquels la communauté LGBTQ+ doit faire face, ça ferait un grand coup à la santé mentale, surtout au niveau de l’identité. De plus, ça apporte le danger de la dysphorie du genre, qui est défini comme « le sentiment d'inadéquation entre son sexe assigné et son identité de genre qui crée une perturbation. » (Dysphorie, 2019, paragr. 4). Cela peut mener à l’anxiété, la tristesse et un déclin de la santé mentale en général. Alors en tout, on est sur la bonne piste, mais on a encore des défis à surmonter.
Comme une femme cisgenre, je n’ai jamais dû faire face au sentiment que je ne suis pas qui je veux être. Je ne suis pas ici pour expliquer l’effet que l’utilisation des pronoms préférés ont sur cette personne, bien sûr que ce n’est pas ma place. C’est pour cela que j’ai demandé à une experte : une très bonne amie et une femme transgenre, Yasmine Cinco. Je connais Yasmine depuis la 9e année, où elle a commencé sa transition. Je la connaissais quand elle utilisait encore les pronoms masculins, mais très tôt dans l’année elle a changé de préférence. Pour la plupart et de ce que j’ai vu, le monde était très sympathique à l’école. Elle ne parle pas le français, mais je veux toujours partager ses sentiments après qu’elle a changé de pronoms :
« It feels liberating to finally be acknowledged with your preferred pronouns, makes me feel like I’m finally part of the society that strongly discriminates against people like me. »
-Yasmine Cinco
Alors on peut voir que l’utilisation des propres pronoms n’a pas seulement eu un effet sur son identité comme individu, ça a aussi changé comment elle se sent comme un membre de la société en général. Souvent, on ne voit pas l’effet que la langue a sur les personnes et sur leur identité, et même si j’avais vu les défis auxquels Yasmine a dû faire face, je ne peux jamais vraiment empathiser, parce que la société me privilégie.
En conclusion, on voit que la langue est en évolution constante et qu’on commence à embrasser la diversité des locuteurs de la langue. Par contre, on a encore loin à parcourir et ça ne devrait pas être les décisions des personnes cisgenres qui continuent l’évolution. On doit laisser aux personnes qui montre le besoin pour ce changement à le créer pour eux-mêmes, parce qu’à la fin de la journée, c’est eux qui choisissent comment s’identifier. Je ne comprends pas les pronoms de genre neutre plus que quelqu’un avec le genre neutre, n’est-ce pas?
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